POURQUOI EST-CE QUE LES GENS TRAVERSENT IRRÉGULIÈREMENT? |
Why -- in english |
Vous vous demandez peut-être pourquoi les gens choisissent d'entrer au Canada par le chemin Roxham plutôt que par un point d'entrée officiel. Il y a trois facteurs qui amènent les gens à choisir d'entrer au Canada par le chemin Roxham : 1. L’Entente sur les Tiers Pays Sûrs (ETPS) avec les États-Unis ; 2. la détérioration alarmante du système d'asile aux États-Unis ; 3. le déplacement forcé sans précédent de populations dans le monde. Voir notre page Qui pour plus de détails sur les personnes qui traversent à Roxham.
1. L’Entente sur les Tiers Pays Sûrs.
Cette entente est entrée en vigueur à la fin de 2004 et signifie que lorsque quelqu’un traverse la frontière Canadienne à un point de traverse officiel et fait une demande d’asile, il ou elle sera renvoyé-e aux États-Unis à moins de se prévaloir d’une des quatre exceptions stipulées dans l’entente (par exemple, avoir un membre de sa famille ici). Par contre, s’il traverse la frontière à un point irrégulier comme celui de la rue Roxham il sera déjà au Canada et l’entente ne s’applique pas. Il peut alors faire une demande pour le statut de réfugié. C’est la raison pour laquelle autant de gens choisissent la route de Roxham pour ne pas risquer d’être renvoyés aux États-Unis, et être incapable de présenter une demande d'asile au Canada à l'avenir : on n’a qu’une chance.
2. Le système d'asile américain:
Est-ce que les États-Unis sont dignes d’être considérés comme étant un pays sécuritaire pour les réfugiés ? Le Conseil canadien pour les réfugiés, le Conseil canadien des Églises et Amnistie internationale ne le pensent pas et ont lancé une deuxième contestation judiciaire contre l’ETPS (voir PDF ci-dessous : ETPS sommaire). Des critiques de fond du système américain remontent à l'époque des négociations de la ETPS. En voici quelques exemples dans l'encadré.
1. L’Entente sur les Tiers Pays Sûrs.
Cette entente est entrée en vigueur à la fin de 2004 et signifie que lorsque quelqu’un traverse la frontière Canadienne à un point de traverse officiel et fait une demande d’asile, il ou elle sera renvoyé-e aux États-Unis à moins de se prévaloir d’une des quatre exceptions stipulées dans l’entente (par exemple, avoir un membre de sa famille ici). Par contre, s’il traverse la frontière à un point irrégulier comme celui de la rue Roxham il sera déjà au Canada et l’entente ne s’applique pas. Il peut alors faire une demande pour le statut de réfugié. C’est la raison pour laquelle autant de gens choisissent la route de Roxham pour ne pas risquer d’être renvoyés aux États-Unis, et être incapable de présenter une demande d'asile au Canada à l'avenir : on n’a qu’une chance.
2. Le système d'asile américain:
Est-ce que les États-Unis sont dignes d’être considérés comme étant un pays sécuritaire pour les réfugiés ? Le Conseil canadien pour les réfugiés, le Conseil canadien des Églises et Amnistie internationale ne le pensent pas et ont lancé une deuxième contestation judiciaire contre l’ETPS (voir PDF ci-dessous : ETPS sommaire). Des critiques de fond du système américain remontent à l'époque des négociations de la ETPS. En voici quelques exemples dans l'encadré.
Quelques critiques de longue date sur le système d'asile américain
- prescription d'un an pour demander le statut de réfugié - ce qui laisse de nombreux réfugiés légitimes dans l'incertitude. Incapables de rentrer chez eux ou de demander l'asile, ils risquent de se retrouver sans papiers ;
- utilisation arbitraire et punitive de la détention ;
- conditions de détention dégradantes pour les immigrants - les milieux de type carcéral (environnement de prison), soins médicaux négligents, abus sexuels fréquents, recours à l'isolement cellulaire ;
- procédure d'expulsion accélérée qui renvoie les gens dans leur pays d'origine sans précautions adéquates ;
- manque d'accès à une représentation juridique en détention ;
- des juridictions "sans asile" où seulement 2% des demandeurs sont reconnus comme réfugiés
Sous la présidence de Trump, les choses ont empiré. Beaucoup de demandeurs d'asile irréguliers vivaient aux États-Unis et craignaient d'être renvoyés dans leur pays d'origine, où ils risquaient de se retrouver en danger. Trump lui-même a déclaré publiquement que "le système d'asile est une escroquerie", s'est moqué des demandeurs d'asile à la frontière sud et a fait des commentaires ouvertement racistes et xénophobes sur les migrants. Les politiques problématiques sont trop nombreuses pour toutes les mentionner, mais en voici quelques-unes qui sont importantes :
Modifications au système d'asile par l'administration Trump
- Les décrets de Trump ont permis d'augmenter le nombre d'arrestations massives et d'expulsions de personnes sans papiers aux États-Unis. Les personnes ayant besoin de protection peuvent être renvoyées dans leur pays d'origine où leur vie peut être menacée.
- La séparation forcée d'au moins 5 500 enfants de leurs parents demandeurs d'asile de juillet 2017 à octobre 2019. L'incarcération de nombreux enfants dans des cages - dont des bébés allaitant - sans adulte pour s'occuper d'eux ni d'hygiène adéquate, ni même de matelas. De nombreux enfants sont perdus dans le système, ayant été envoyés dans des familles d'accueil à travers les États-Unis sans suivi administratif adéquat.
- On refuse aux femmes et aux jeunes filles fuyant la violence domestique et les viols collectifs le droit de demander l'asile aux États-Unis, comme c'était possible auparavant. Des milliers de femmes fuient l'Amérique centrale précisément pour ces raisons.
- La politique "Restez au Mexique" empêche les demandeurs d'asile à la frontière sud d'entrer aux États-Unis. En attendant qu'une décision soit prise sur leur demande d'asile, ils sont contraints de rester dans des villes frontalières dangereuses où la violence et les enlèvements sont endémiques.
Il est clair que les États-Unis ne sont pas un endroit sûr pour ceux qui cherchent un refuge. Nous croyons que l’ETPS devrait être révoquée, afin que tous ceux qui demandent l'asile puissent entrer au Canada en toute sécurité et avec dignité à un poste frontalier officiel. En hiver, de nombreuses personnes ont souffert d'hypothermie et d’engelures lors de traversées irrégulières au Canada et, tragiquement, au printemps 2017, une femme ghanéenne, Mavis Otuteye, est décédée alors qu'elle tentait d’entrer au Manitoba.
3. Niveaux historiques de déplacements forcés
Jamais auparavant autant de personnes n'ont été contraintes de quitter leur domicile, soit pour chercher la sécurité dans une autre partie de leur pays, soit pour se rendre dans un autre pays : leur nombre s'élève désormais à près de 71 millions, contre 43 millions en 2009. C'est une personne sur 108 dans le monde. 37 000 personnes par jour sont nouvellement déplacées. Pourquoi ? En raison de guerres et de conflits interminables, de génocides, de violences contre des individus et des groupes en raison de leur identité, qu'il s'agisse de leur race, de leur tribu, de leur religion, de leurs opinions politiques, de leur orientation sexuelle ou de leur sexe, pour n'en citer que quelques-uns. Le changement climatique est une cause croissante de déplacement. Voir la page "Qui" pour plus de détails.
À cause de l'ETPS, de nombreux demandeurs d'asile résidant aux États-Unis se trouvent dans une situation paradoxale : ce n'est pas sécuritaire pour eux de rester aux États-Unis et ce n'est pas sécuritaire pour eux d'entrer officiellement au Canada. Plus l’ETPS perdure, plus le Canada devient complice avec les États-Unis de conditions qui sont contraires à notre devoir de protection envers les personnes qui cherchent un refuge, puisqu‘à cause de cet accord, ils sont renvoyés aux États-Unis vers un avenir potentiellement dangereux.
Les personnes de certaines nationalités, incapables d'obtenir un visa pour le Canada, se rendent aux États-Unis avant de venir chercher refuge ici. Il n'existe pas de "visa de demandeur d'asile" nulle part au monde, et il y a de nombreuses bonnes raisons (comme le regroupement familial) pour que les gens demandent l'asile ici plutôt que dans les pays voisins où les conditions peuvent être terribles. Des centaines de milliers de personnes sont bloquées dans des camps de réfugiés, parfois pendant des décennies, en attendant de rentrer chez elles.
En tant que pays, nous ne pouvons pas ignorer cette réalité mondiale de déplacement forcé sans précédent. Nous devons trouver des moyens de l’aborder avec force, sagesse et compassion.
Jamais auparavant autant de personnes n'ont été contraintes de quitter leur domicile, soit pour chercher la sécurité dans une autre partie de leur pays, soit pour se rendre dans un autre pays : leur nombre s'élève désormais à près de 71 millions, contre 43 millions en 2009. C'est une personne sur 108 dans le monde. 37 000 personnes par jour sont nouvellement déplacées. Pourquoi ? En raison de guerres et de conflits interminables, de génocides, de violences contre des individus et des groupes en raison de leur identité, qu'il s'agisse de leur race, de leur tribu, de leur religion, de leurs opinions politiques, de leur orientation sexuelle ou de leur sexe, pour n'en citer que quelques-uns. Le changement climatique est une cause croissante de déplacement. Voir la page "Qui" pour plus de détails.
À cause de l'ETPS, de nombreux demandeurs d'asile résidant aux États-Unis se trouvent dans une situation paradoxale : ce n'est pas sécuritaire pour eux de rester aux États-Unis et ce n'est pas sécuritaire pour eux d'entrer officiellement au Canada. Plus l’ETPS perdure, plus le Canada devient complice avec les États-Unis de conditions qui sont contraires à notre devoir de protection envers les personnes qui cherchent un refuge, puisqu‘à cause de cet accord, ils sont renvoyés aux États-Unis vers un avenir potentiellement dangereux.
Les personnes de certaines nationalités, incapables d'obtenir un visa pour le Canada, se rendent aux États-Unis avant de venir chercher refuge ici. Il n'existe pas de "visa de demandeur d'asile" nulle part au monde, et il y a de nombreuses bonnes raisons (comme le regroupement familial) pour que les gens demandent l'asile ici plutôt que dans les pays voisins où les conditions peuvent être terribles. Des centaines de milliers de personnes sont bloquées dans des camps de réfugiés, parfois pendant des décennies, en attendant de rentrer chez elles.
En tant que pays, nous ne pouvons pas ignorer cette réalité mondiale de déplacement forcé sans précédent. Nous devons trouver des moyens de l’aborder avec force, sagesse et compassion.
guardian_haiti.pdf |
bridges_not_borders_briefing_on_stca_english.pdf |