On this blog, we used to post information about our visits to the border at Roxham Road, USA side. Since the closure of Roxham Road on Friday 24 March 2023, we're attempting to keep a log of the info we have about refugees who have been returned to the US. Sur ce blogue, nous avons affiché des informations sur nos visites à la frontière, Roxham Road, États Unis. Depuis la fermeture de Roxham Road le vendredi 24 mars 2023, nous essayons de tenir un répertoire des informations que nous avons cueillies sur les réfugiés qui ont été renvoyés aux États-Unis. |
Lorsque je suis arrivée au terminus d'autobus, j'ai rencontré deux journalistes américains de USA Today qui discutaient avec deux très jeunes hommes (frères) originaires du Vénézuela. Ils étaient entrés au Canada par le chemin Roxham il y a quelques mois et avaient été envoyés dans un hôtel à Niagara Falls. Comme l'ont rapporté les médias, ils n'ont pas eu accès aux services, comme d'autres demandeurs d'asile, et on leur a dit qu'il leur faudrait beaucoup de temps pour pouvoir travailler. Découragés, ils sont repassés aux États-Unis pour rejoindre des membres de leur famille qui venaient d'arriver dans ce pays. Malheureusement, l'obtention d'un permis de travail aux États-Unis peut également prendre beaucoup de temps et la procédure d'asile pourrait leur être moins favorable.
Le bus de 15 heures est arrivé de New York et j'ai pu parler avec trois personnes qui ont débarqué et qui allaient prendre un taxi pour se rendre au port d'entrée de Lacolle. Toutes étaient originaires de la République démocratique du Congo (RDC). Deux d'entre elles avaient des membres de leur famille au Canada ayant le bon statut et j'ai pu leur donner des informations sur les documents nécessaires pour prouver la relation avec le membre de la famille. Ils ont immédiatement commencé à parler aux membres de leur famille afin de recevoir des photos des documents nécessaires (principalement des actes de naissance). Malheureusement, la troisième personne, une femme seule, n'avait qu'un cousin au Canada. Il lui a fallu un certain temps pour comprendre qu'elle ne pourrait pas demander l'asile au Canada parce que les cousins ne peuvent pas être des membres de la famille admissible selon les règles de l'ETPS. Elle a continué à essayer de me convaincre qu'elle pourrait peut-être contourner ce problème et m'a dit que son cousin était comme un frère pour elle et qu'ils avaient été élevés ensemble. Il était pénible de lui expliquer que, malgré la proximité réelle de leur relation, les règles de l'ETPS ne concernaient que les membres de la famille immédiate et les conjoints, quelle que soit la profondeur du lien qui unissait deux parents plus éloignés. Elle était stupéfaite et découragée et a eu besoin de s'asseoir, puis elle a passé quelques coups de fil. Je l'ai invitée à entrer pour manger et boire, mais elle a préféré rester dehors. À l'intérieur, j'ai rencontré une bénévole d'une organisation locale de Plattsburgh qui aidait une famille de trois personnes de Colombie : un couple avec un petit garçon. Comme ils n'avaient pas de famille au Canada, ils avaient été exclus et renvoyés aux États-Unis. La bénévole allait les emmener aux services sociaux pour obtenir de l'aide, car ils n'avaient pas les moyens de se payer un hôtel, de la nourriture et des billets de bus. La bénévole est revenue plus tard avec un groupe familial d'Afghanistan qui avait été exclu du Canada : l'épouse, le mari et une sœur et un frère du mari. L'épouse (que j'appellerai "Khadija") a une sœur en Ontario qui est résidente permanente ; elle avait donc un membre de famille admissible. L'agent de l'ASFC a regardé les photos des documents d'identité de la sœur de Khadija et lui a dit : "Vous n'avez pas l'air d'être sœurs. Je pense que vous êtes cousines". J'espère que ce type d`opinion subjective ne sera pas utilisé comme une raison pour exclure des personnes. J'ai entendu dire que les agents de l'ASFC à un point d'entrée en Ontario, avaient déjà demandé à deux membres d'une même famille (l'un au Canada et l'autre au point d'entrée) de dessiner chacun un arbre généalogique afin de confirmer qu'ils étaient bien apparentés comme ils le prétendaient. Ce type d'approche peut être utilisé lorsque les preuves documentaires du lien de parenté sont insuffisantes. Par exemple, tous les Afghans n'ont pas d'acte de naissance et il est courant que les membres d'une même famille n'aient pas le même nom de famille. L'Afghanistan et d'autres pays ont des traditions différentes, mais ces différences ne devraient pas avoir pour effet d'exclure du Canada des personnes qui ont en fait un membre de leur famille remplissant les conditions requises et résidant ici. On se demande si les agents qui prennent ces décisions reçoivent une formation uniforme dans l'ensemble du pays. Nous sommes en train de trouver un avocat pour s'occuper de leur cas. Entre-temps, ils ont trouvé un logement chez un ami de la famille qui habite à une certaine distance et le groupe local de Plattsburgh a payé leurs billets d'autobus. Après la rencontre avec cette famille, je suis sorti à la recherche de la femme du RDC, mais elle n'était plus là. Quelqu'un m'a dit qu'elle était partie avec ses bagages à la recherche d'un hôtel. J'ai essayé de la retrouver dans deux hôtels voisins, sans succès. La bénévole américaine m'a également dit que mardi le 2 mai, 41 personnes au total ont été amenées au terminus d'autobus par la patrouille frontalière américaine. Certaines ont peut-être été exclues du Canada, tandis que d'autres ont été interceptées par la patrouille frontalière après être entrées irrégulièrement aux États-Unis depuis le Canada. Si certaines personnes ont pu payer leur propre billet de bus, l'organisation a dû se débrouiller pour trouver un hébergement pour la nuit pour d'autres (certains payés par les services sociaux), payer des billets de bus pour certains et, dans un cas, payer un taxi pour emmener 6 personnes à New York (il n'y avait pas de places disponibles dans le bus ce jour-là). Un élu local est venu voir la situation au terminus d'autobus et s'est rendu compte que la situation était loin d'être "sous contrôle", comme l'avait prétendu un autre élu dans un reportage récent.
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hen I arrived at the bus station, I met with two American journalists from USA today who were talking with two very young men from Venezuela. They had crossed into Canada via Roxham Road some months ago and were sent to a hotel in Niagara Falls. As had been reported in the media, they, along with other asylum seekers, had no access to services there and were told it would take a long time to be able to work. Discouraged they crossed back into the US and were going to join some family members who had recently arrived in the US. Unfortunately it can take a long time to get a work permit in the US as well and the asylum process may be less favorable to them there.
The 3pm bus arrived from NYC, and I was able to speak with three people who disembarked and were going to take a taxi to Lacolle Port of Entry. All were from the Democratic Republic of Congo (DRC). Two of them had qualifying family members in Canada with the right status and I was able to give them information about the documentation needed to prove the relationship with the family member. They immediately began talking with family members in order to receive photos of the needed documents (mainly birth certificates). Unfortunately, the third person, a woman on her own, only had a cousin in Canada. It took some time for her to absorb the reality that she would be unable to seek asylum in Canada because cousins cannot be anchor family members under STCA rules. She kept trying to convince me that she might be able to get around this and said that her cousin was like a brother to her, and they had been raised together. It was painful to explain that despite the genuine closeness in their relationship, STCA rules were concerned only with immediate family members and spouses, regardless of how deep the tie might be between two more distant relatives. She was stunned and discouraged and needed to take time to sit, take stock and then made some calls. I invited her to come inside to have food and drink but she preferred to stay outside. Inside I met with a volunteer from a Plattsburgh grassroots organization who was helping a family of three from Columbia: a couple with a small boy. Since they had no family in Canada, they had been excluded and returned to the US. The volunteers was going to take them to social services to get assistance as they had no funds for a hotel, food and bus tickets. The volunteer returned later with a family group from Afghanistan who had been excluded from Canada the previous day: wife, husband and the husband’s two siblings. The wife (I will call her ‘Khadija’) has a sister in Canada who is a permanent resident so she had a qualifying family member. The CBSA officer looked at photos of Khadija’s sister’s ID documents and told her: ‘’ You don’t look like sisters. I think you are cousins.” I hope that this kind of subjective opinion is not used as one reason to exclude people, since it is hardly reliable. I have heard that CBSA officers at a POE in Ontario have in the past asked two family members (one in Canada and another at the Port of Entry) to each draw a family tree in order to confirm that they are related as claimed. These kinds of approaches can be used when the documentary evidence of the relationship is inadequate. For example, not everyone from Afghanistan will have birth certificates and it is common that members of the same family will not have the same surnames. Afghanistan and other countries have different traditions, but these differences should not result in people being excluded from Canada when in fact they have a qualifying family member residing here. We wonder whether officers making these decisions are given consistent training across the country. We are in the process of finding a lawyer to take their case. In the meantime they have found a place to stay with a family friend some distance away, and the Plattsburgh grassroots group has paid for their bus tickets. After the meeting with this family, I went out to look for the woman from the DRC but she was no longer there. Someone told me that she had left with her luggage to look for a hotel. I tried to locate her in two nearby hotels without success. The American volunteer also told me that on Tuesday, May 2nd a total of 41 people were brought to the bus station by US Border patrol. Some may have been excluded from Canada, while others were intercepted by Border Patrol after irregular entry into the US from Canada. While some people were able to pay for their own bus tickets, the organization had to scramble to find overnight accommodation for others (some paid by Social Services), pay for bus tickets for some and in one case they paid for a taxi to take 6 people to NYC (there were no bus seats available that day). A local elected official came to see the situation at the bus station and was made aware that the situation was far from ‘under control’ as had been claimed by another elected official in a previous news item. Quand nous sommes arrivés au Mountain Mart, nous avons trouvé un jeune Nicaraguayen assis dans le restaurant à hamburgers avec une Canadienne. Il avait été exclu du Canada et ils ne savaient pas quoi faire. La Canadienne l'avait rencontré à Plattsburgh pour le soutenir dans son voyage vers le Canada, mais n'avait pas compris qu'il serait renvoyé. Nous avons organisé pour lui une consultation juridique en espagnol au Bureau des nouveaux Américains pour le lendemain pour qu'on le conseille au sujet de la demande d'asile aux États-Unis, et un membre de Plattsburgh Cares leur a trouvé une chambre d'hôtel pour leur permettre de tenir jusqu'au lendemain.
Un Kurde d'une cinquantaine d'années, originaire d'Irak, est ensuite arrivé, probablement par le bus de 15 h en provenance de New York. Il avait voyagé depuis novembre, à travers le Brésil, l'Amérique centrale et le Mexique. Après être entré aux États-Unis, il a été détenu pendant 50 jours dans une prison. Il espérait rejoindre sa femme, dont la demande de statut de réfugié avait été acceptée récemment et qui vivait au Canada depuis un peu plus d'un an. Quand l'ICE s’est préparé à le renvoyer en Iraq, il a contesté l'ordre de déportation en faisant valoir que sa vie était en danger dans ce pays. Il n'était pas clair si ceci constituait ou non une demande d'asile aux États-Unis. S'il a déposé une demande d'asile en bonne et due forme aux États-Unis et que ses données biométriques apparaissent dans le système américain, ça signifie qu'il ne pourra pas bénéficier de l'ensemble de la procédure de demande d'asile au Canada. Il bénéficiera plutôt d'un examen des risques avant renvoi. Nous lui avons suggéré de demander au consultant en immigration qui avait présenté la demande d'asile de sa femme de le représenter lui aussi. Mais il était réticent à le faire. Nous avons longuement discuté de sa situation. Il semblait avoir tous les documents nécessaires pour prouver sa relation avec sa femme. Il nous a également dit que son beau-frère (le frère de sa femme), qui avait franchi la frontière américaine avec lui, avait déjà été admis au Canada. Son beau-frère n'avait été détenu que pendant cinq jours et s'était rendu à la frontière canadienne après sa libération. Comme il avait une sœur au Canada, il a été autorisé à entrer et vit maintenant avec sa sœur à Toronto. Après de longues délibérations angoissées, et après avoir rejeté la possibilité de rester à Plattsburgh pour une nuit afin de se renseigner davantage et de réfléchir à ses options, l'homme a finalement décidé de prendre un taxi pour se rendre à la frontière. Les prochains à arriver étaient 4 personnes du Pérou : une jeune famille avec un fils de 5 ans, et une femme seule un peu plus âgée. Lorsque nous les avons rencontrés, ils étaient assis à une table à l'extérieur du Mountain Mart. Ils avaient été renvoyés de la frontière et attendaient le bus de 20 h pour NYC. La femme seule allait rester avec des amis à New York, tandis que la petite famille allait se rendre à Miami, où elle avait de la famille et/ou des amis. La communication avec eux était difficile, même avec Google translate, parce qu'ils avaient un accent espagnol que Google translate ne reconnaissait pas facilement, ce qui donnait des résultats très confus et absurdes (il se peut aussi que les paramètres de Google translate aient été mal réglés sur le téléphone). Nous avons parlé avec la jeune femme très sympathique pendant que le père s'occupait de leur fils. Nous leur avons proposé de leur acheter de la nourriture et des boissons et leur avons suggéré de rester dans le Mountain Mart plutôt que dehors, car il commençait à faire froid. La femme plus âgée, qui s'était montrée très fermée au départ, refusant de nous parler, s'est ouverte lorsque nous lui avons proposé de lui acheter une boisson chaude et un sandwich. Café, a-t-elle dit avec un grand sourire. Certains mots n'ont pas besoin d'être traduits ! Nous nous sommes assis avec eux pendant un certain temps autour de deux tables dans le Mountain Mart, réussissant même à rire malgré la barrière linguistique. Lorsque nous sommes parties, ils semblaient un peu plus à l'aise. La dernière personne à revenir de la frontière était un jeune homme originaire d'Afghanistan. Il attendait lui aussi le bus de 20 h pour se rendre à Buffalo où il avait des amis. N'ayant pas pu demander l'asile au Canada, il allait demander l'asile aux États-Unis. Il a pu parler à l'Irakien, qui connaissait sa langue, et ils ont discuté un moment. Vers la fin de notre visite, nous avons demandé à une employée très sympathique du guichet des bus combien de personnes elle avait vues au cours des dernières semaines. Elle nous a répondu qu'après la période d'affluence qui a suivi la fermeture du chemin Roxham, avec 3 000 dollars de billets de bus vendus en une seule journée, il y avait beaucoup moins de gens qui retournaient à New York. Elle ne pouvait pas confirmer s'il y avait une tendance à la baisse, les chiffres étant très fluctuants. Quand nous lui avons demandé combien de personnes il y avait eu, elle nous a dit que pendant la semaine de notre visite, il y avait eu deux personnes lundi, aucune personne mardi et mercredi, et cinq personnes jeudi, jour de notre visite. Nous n'avions pas l'intention de rester plus de quatre heures, mais nous n'avons pas voulu nous presser avec les personnes que nous avons rencontrées. Nous sommes reparties fatiguées, mais touchées par ces personnes dont la vie a pris un tournant si difficile. Commentaire de la personne qui a accompagné la bénévole de Créons des ponts : Comme c'était la première fois que je me rendais à Plattsburgh, j'ai été confrontée à de nombreuses pensées et émotions, mais deux d'entre elles m'ont particulièrement frappé. La première a été de constater le courage, la persévérance et l'ingéniosité des réfugiés. Rencontrer ces personnes, et pas seulement lire leurs histoires, qui voyagent vers le nord à travers l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale (par le tristement célèbre "bouchon" de Darien), la frontière entre le Mexique et les États-Unis et jusqu'au Canada, a renforcé ma deuxième réflexion sur l'horreur de la position de NOTRE gouvernement fédéral à l'égard des réfugiés. L'accord sur les tiers pays sûrs est cruel et inhumain, comme nous le savons tous. Les personnes qui survivent au voyage sont résilientes, celles qui ne survivent pas, on n'entend plus parler. Les gens sont fatigués des épreuves, fatigués d'être résilients. L'argent et les voitures peuvent traverser les frontières librement. Laissons les gens faire de même ! |
Details
AuthorThe earlier border visit reports were written by the volunteers who were at the border on that day, the later updates about the situation in the US are an attempt to keep a log of what we find out through our own visits in the US, or through contacts in the US. Archives
May 2023
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